Repères essentiels
- Subordonnée complétive : introduite le plus souvent par que, elle complète un verbe, un adjectif ou un nom comme le ferait un GN. Elle occupe des fonctions de COD, sujet ou attribut.
- Interrogative indirecte totale : introduite par si, elle rapporte une question oui/non sans point d’interrogation ni inversion. Le plus souvent COD d’un verbe de parole, pensée ou doute.
- Indices décisifs : présence d’un subordonnant (que / si), verbe conjugué dans la subordonnée, dépendance vis-à-vis d’un mot de la principale.
1) La complétive en que : formes et fonctions
a) Complément d’un verbe
- Verbes courants : dire, affirmer, déclarer, expliquer, penser, croire, savoir, ignorer, espérer, vouloir, souhaiter, exiger, regretter, etc.
- Exemple
[Princ Je pense] [Sub que vous avez raison]. → COD de pense.
[Princ Nous souhaitons] [Sub que vous réussissiez]. → COD de souhaitons.
b) Complément d’un adjectif ou d’un nom
- Adjectifs : content, certain, surpris, fier, triste…
[Princ Je suis heureux] [Sub que vous veniez]. - Noms : idée, projet, fait, preuve, espoir…
[GN l’idée] [Sub **qu’**il parte].
c) Sujet ou attribut (tournures plus littéraires)
- Sujet : [Sub Que vous réussissiez] importe.
- Attribut : Le fait, [Sub que vous soyez prêt(e)], est rassurant.
d) Mode dans la complétive
- Indicatif après les verbes qui posent le fait comme certain : affirmer, constater, savoir, penser (à l’affirmatif), espérer.
Ex. « J’espère que vous viendrez. » - Subjonctif après la volonté, le sentiment, le doute ou le jugement : vouloir, souhaiter, être content, regretter, douter, il faut que, il est possible que.
Ex. « Il faut que vous finissiez. »
Règle pratique 4e : fait tenu pour vrai → indicatif ; appréciation/volonté/doute → subjonctif.
2) L’interrogative indirecte totale en si
a) Valeur et construction
- Elle rapporte une question fermée (réponse oui/non) sans point d’interrogation, sans inversion.
[Princ Elle demande] [Sub si nous venons]. → COD de demande.
b) Verbes introducteurs fréquents
- demander, savoir, ignorer, se demander, vérifier, douter, hésiter, se renseigner, etc.
c) À ne pas confondre
- si conditionnel (circonstancielle de condition) : « [Princ Vous réussirez] [Sub si vous travaillez]. »
- Test rapide : si l’on peut répondre par oui/non, c’est une interrogative totale ; si l’on remplace le bloc par cela / le fait de savoir, on obtient un COD : Elle veut le savoir.
3) Méthode sûre en 5 étapes
- Repérez le subordonnant (que ou si).
- Encadrez la subordonnée [Sub] et isolez la principale [Princ].
- Identifiez la fonction de la subordonnée : COD, sujet, attribut, complément d’adjectif/nom.
- Choisissez le mode dans la complétive selon le sens de la principale (indicatif vs subjonctif).
- Vérifiez la ponctuation et l’absence d’inversion/question mark dans l’interrogative indirecte.
4) Ponctuation et mise en forme
- Pas de virgule entre la principale et une complétive en que.
- Pas de point d’interrogation dans l’interrogative indirecte ; la phrase prend la ponctuation de la principale.
- Pas d’inversion sujet-verbe dans la subordonnée indirecte : on dit « Elle demande si vous venez », pas « si venez-vous ».
5) Exemples commentés
- Complétive COD (indicatif)
[Princ Je sais] [Sub que vous êtes prêt(e)s]. → fait tenu pour vrai. - Complétive COD (subjonctif)
[Princ Ils veulent] [Sub que nous finissions à l’heure]. → volonté. - Complément d’adjectif
[Princ Nous sommes désolés] [Sub que vous ayez attendu]. → subjonctif passé = antériorité. - Sujet réel
[Sub Que tout se passe bien] serait idéal. - Interrogative indirecte totale
[Princ Je me demande] [Sub si elle viendra]. → réponse attendue : oui/non. - Contraste avec la condition
[Princ Nous sortirons] [Sub si la pluie cesse]. → condition, pas interrogation.
6) Cas limites et vigilance
- « Que » caméléon :
- conjonction de complétive → pas d’antécédent.
- pronom relatif → antécédent exprimé (la règle que vous appliquez).
- emphase → C’est… que.
Vérifiez toujours la présence d’un antécédent nominal.
- Modes après opinion :
- Affirmatif → indicatif (Je crois que c’est utile).
- Négatif / interrogatif → souvent subjonctif (Je ne crois pas que ce soit utile).
- Temps : on accorde le temps de la subordonnée au sens et aux repères (présent, futur, passé) ; le subjonctif passé marque l’antériorité.
- Interrogative partielle (aperçu) : introduite par un mot interrogatif (où, quand, comment, pourquoi, combien, qui, ce que…). Elle sera consolidée plus tard ; ici, on se concentre sur la totale en si.
- Style : évitez la double marque « Elle demande si est-ce que… » → incorrect.
Mini-synthèse
- Complétive en que : subordonnée qui joue le rôle d’un GN ; fonctions COD, sujet, attribut, complément d’adjectif/nom ; indicatif si fait posé comme vrai, subjonctif si volonté/sentiment/doute/jugement.
- Interrogative indirecte totale en si : question oui/non rapportée, sans inversion ni « ? », typiquement COD d’un verbe de question/doute/savoir.
- Réflexes : repérer que/si, délimiter [Sub], nommer la fonction, choisir le mode adéquat.
FAQ
Comment être sûr(e) qu’il s’agit d’une complétive et non d’une relative ?
Cherchez un antécédent. S’il n’y en a pas et que la subordonnée complète directement un verbe/adjectif/nom, c’est une complétive. S’il y a un nom repris par que/qui/dont/où, c’est une relative.
Faut-il une virgule avant que ?
Non, dans la grande majorité des cas. La complétive s’enchaîne sans virgule.
Dans Je me demande si elle vient, si est-il conditionnel ?
Non. Ici si introduit une interrogative indirecte totale. On attend oui/non. La condition crée un lien logique différent.
Après espérer que, quel mode choisir ?
À l’affirmatif, on emploie l’indicatif, souvent au futur pour un fait à venir : « J’espère que vous viendrez. »
Pourquoi Il faut que vous finissiez prend le subjonctif ?
Parce que il faut que exprime une nécessité/jugement : ce n’est pas un fait posé comme certain, mais une exigence.
Peut-on avoir une interrogative indirecte comme sujet ?
C’est rare et lourd. On préfère tourner avec un GN support : « Le fait de savoir si elle vient importe. »