Public lycée/FLE – Objectif : reconnaître et interpréter les symboles de l’eau et du feu dans un poème (procédés → effets → enjeux), avec exemples du domaine public + phrases-outils + mini-exercices.


1) Pourquoi parler de symboles ? ✅

  • Un symbole n’a pas un sens unique : il convoque un réseau (isotopies) d’images et d’idées culturelles.
  • En poésie, l’eau et le feu sont des archétypes : ils portent des valeurs (vie/mort, purification/destruction, désir/élan, temps/mémoire…).
  • Réflexe d’analyse : champs lexicaux + procédéseffetsenjeu (vision du monde, éthique, esthétique).

2) Méthode express (en 4 gestes) 🧭

  1. Repère le champ lexical : flot, onde, lac, source / flamme, braise, cendre, fournaise.
  2. Note 2–3 procédés signifiants : sonorités (allitérations/assonances), couleurs, mouvements (verbes), figures (métaphore, personnification, oxymore).
  3. Formule un effet (sérénité, ivresse, menace, élan, purification…).
  4. Énonce l’enjeu : Que dit le poème du temps, du désir, du sacré, du monde ?

3) 10 clés pour lire l’EAU 💧 (avec exemples & phrases-outils)

  1. Flux du temps / fuite
    • Procédés : verbes de mouvement (couler, passer), assonances en [ou]/[o].
    • Exemple : Lamartine, « Le Lac » : « Fuyons sous la nuit ».
    • 🔧 L’eau figure le temps qui s’écoule et dérobe le présent.
  2. Mémoire / réminiscence
    • Procédés : anaphores + passé composé/imparfait.
    • Ex. : Hugo fait « revenir » les voix près de l’onde.
    • 🔧 Le lac devient mémoire : il conserve / rejoue la scène aimée.
  3. Purification / baptême
    • Procédés : champ du sacré, lumière sur l’eau, métaphores d’ablution.
    • Ex. : Rimbaud lave/« baigne » le cœur.
    • 🔧 L’eau purifie et recommence (rite).
  4. Reflet / miroir du moi
    • Procédés : déictiques (moi/toi), métaphores du miroir.
    • Ex. : Baudelaire « miroirs » et « verre ».
    • 🔧 Le reflet redouble l’énonciateur, interroge l’identité.
  5. Profondeur / abîme
    • Procédés : verticalité (plonger, fond), hyperboles.
    • Ex. : Mallarmé : « aboli bibelot d’inanité sonore » (mer/abîme suggéré).
    • 🔧 L’eau voit ce qui est caché : angoisse / mystère.
  6. Vague douceur / menace (oxymore)
    • Procédés : antithèses (calme / tempête), rythme qui alterne.
    • Ex. : mer « apaisée » puis « grondante ».
    • 🔧 L’eau oscille entre bercement et peril.
  7. Passage / voyage (pont, rive)
    • Procédés : symboles de seuil (pont, gué), impératifs (pars, va).
    • Ex. : Apollinaire, « Le Pont Mirabeau » : « Sous le pont… ».
    • 🔧 L’eau met en scène un passage (âge, amour, destin).
  8. Féminin / matrice
    • Procédés : lexique de la nourriture/maternité, personnification.
    • Ex. : « Source mère », « onde nourricière ».
    • 🔧 L’eau enveloppe, met au monde.
  9. Transparence / opacité
    • Procédés : adjectifs (clair, sombre), jeu de lumière.
    • Ex. : « eaux limpides » vs « eaux noires ».
    • 🔧 Voir/ne pas voir : véritésecret.
  10. Musique / murmure
  • Procédés : allitérations liquides [l], sibilantes [s]/[ʃ], enjambements.
  • Ex. : « murmure, glisse, ruisselle ».
  • 🔧 Le phrasé imite le flux.

4) 10 clés pour lire le FEU 🔥 (avec exemples & phrases-outils)

  1. Lumière / révélation
  • Procédés : champ lumineux (or, flambeau), présent de vérité.
  • Ex. : Hugo « torche » du génie.
  • 🔧 Le feu éclaire : connaissance / vision.
  1. Désir / éros
  • Procédés : métaphores brûlantes (ardeur, braise), rouges.
  • Ex. : « Ardeur », « brasier ».
  • 🔧 La flamme figure le désir, consume et élève.
  1. Colère / violence
  • Procédés : hyperboles, exclamations, rythme haché.
  • Ex. : « brase, brûle, ravage ».
  • 🔧 Feu dévastateur : colère, guerre, révolte.
  1. Sacré / rite
  • Procédés : feu de veille, encens, buisson (intertexte biblique).
  • Ex. : « flamme sacrée ».
  • 🔧 Le feu consacre, sépare le pur de l’impur.
  1. Transformation / alchimie
  • Procédés : cuisine/forge, verbes (fondre, forger, transmuer).
  • Ex. : Hérédia et les forges.
  • 🔧 Le feu change la matière : renaissance / création.
  1. Veille / conscience
  • Procédés : chandelle, veilleur, nuit + lumière faible.
  • Ex. : « La lampe veille ».
  • 🔧 Petite flamme = pensée qui tient.
  1. Modernité industrielle
  • Procédés : fournaise, charbon, hauts-fourneaux (réalisme).
  • Ex. : « rougeoiement des usines ».
  • 🔧 Feu = puissance technique / aliénation.
  1. Révolte / Prométhée (mythe)
  • Procédés : allusions (feu volé), lexique du défi.
  • Ex. : « feu des dieux ».
  • 🔧 Feu émancipateur, mais risque / châtiment.
  1. Été / torpeur / sécheresse
  • Procédés : isotopie de la chaleur, ralentis rythmiques.
  • Ex. : « ciel brûlant ».
  • 🔧 Feu plombant : fatigue, stérilité.
  1. Cendres / fin & recommencement (phénix)
  • Procédés : cycle (cendre → germe), oxymore (mort/naissance).
  • Ex. : « De mes cendres je renais ».
  • 🔧 Feu termine et relance.

5) Contraster eau/feu : 4 stratégies d’interprétation ♻️

  • Oxymore/antithèse : eau apaisante vs feu désirant → tension spleen/élan.
  • Parcours : eau (purifier) → feu (illuminer) = initiation.
  • Renversement : eau destructrice (noyade) // feu protecteur (foyer).
  • Synthèse alchimique : eau + feu = transformation (cuire, forger l’âme).

🔧 La co-présence complexifie : le poème déplace nos attentes symboliques.


6) Phrases-outils (à piocher) 🧰

  • Le champ de l’eau (flot, onde) configure un temps fluide qui dérobe le présent.
  • Par les allitérations liquides [l] et sibilantes [s], le vers imite le ruissellement.
  • La flamme (ardeur, braise) figure le désir qui élève autant qu’il consume.
  • En oxymore, l’eau « calme » / « furieuse » met en tension douceur et menace.
  • Des cendres à la renaissance, le poème déploie un cycle.

7) Mini-exemples éclair (domaine public, micro-citations ≤ 10 mots) ✍️

  • Eau-temps : Lamartine, « Le Lac » – « Ô temps, suspends ton vol » : l’onde fixe l’instant perdu.
  • Eau-reflet : Baudelaire – « miroirs » → double du moi, doute identitaire.
  • Feu-désir : Hugo – « torche » du génie → illumination créatrice.
  • Feu-cendre : Rimbaud – « braises » → fin / renaître.
  • Pont/Passage : Apollinaire – « Sous le pont » → flux des amours.

8) Erreurs fréquentes → corrections rapides 🚫➡️✅

  • Sens unique (« l’eau = douceur ») → ✅ montrer les deux faces (douceur/menace).
  • Procédés absents → ✅ nommer au moins 2 procédés (son, couleur, mouvement).
  • Citation pavé → ✅ micro-citations intégrées + analyse immédiate.
  • Clichés (« feu = passion » sans preuve) → ✅ preuves textuelles + effet précis.
  • Hors culture → ✅ si allusion mythique (Prométhée, baptême), signale en une ligne.

9) Atelier minute (classe/FO) ⏱️

  1. Surligne tous les mots d’eau OU de feu.
  2. Note 2 procédés (sonorités/couleurs/figures).
  3. Formule 1 effet + 1 enjeu (temps, désir, sacré…).
  4. Rédige 2 phrases :
    • Thèse : « L’eau / le feu configure … »
    • Preuve : micro-citation + donceffet.

10) Modèles « prêts à copier » (3 formats) 📎

A) Thèse courte

Par l’isotopie de l’eau (flot, lac, pont) et des allitérations liquides, le poème figure un temps fuyant qui défait la présence.

B) Développement 4 lignes

Le champ du feu (flamme, braise) associé aux rouges configure le désir. Les hyperboles (« brûler », « brasier ») intensifient l’élan ; cependant, la mention des cendres annonce la perte. Ainsi, le symbole tient ensemble exaltation et finitude.

C) Conclusion locale

Dès lors, eau et feu ne s’opposent pas seulement : leur bascule met en tension le rapport au temps et au désir, cœur du lyrisme.


11) Checklist finale 🧾

  • ❑ J’ai repéré le champ lexical (eau/feu).
  • ❑ J’ai nommé 2 procédés minimum.
  • ❑ J’ai formulé 1 effet + 1 enjeu.
  • ❑ Mes citations sont courtes (≤ 10 mots) et liées au procédé.
  • ❑ J’ai envisagé l’ambivalence (douceur/menace, illumination/destruction).