Objectif

Vous saurez reconnaître, construire et accorder correctement les subordonnées complétives, c’est-à-dire les propositions introduites le plus souvent par que (mais aussi si, ce que / ce qui / ce dont, à ce que, de ce que) qui complètent un verbe, un adjectif ou un nom. L’accent est mis sur les fonctions (COD, sujet, attribut, complément du nom ou de l’adjectif), le choix du mode (indicatif / subjonctif / conditionnel) et les tours à risque.


L’essentiel à retenir

  • Une complétive remplit une fonction syntaxique attendue par un mot recteur (verbe, adjectif, nom) et forme un bloc que l’on peut souvent remplacer par cela.
    Ex. : Je pense que c’est utileJe pense cela.
  • Les introducteurs les plus fréquents sont que (déclaration, opinion), si (totale de type oui/non au style indirect), ce que / ce qui / ce dont (pronom neutre + que), et des tours régis comme à ce que, de ce que.
  • Mode :
    • Indicatif après constatation, certitude, déclaration affirmatives.
    • Subjonctif après volonté, nécessité, sentiment, doute, appréciation, ou après certaines locutions.
    • Conditionnel pour le futur dans le passé au style indirect ou la réserve (information rapportée).
  • Jamais d’inversion ni est-ce que dans une complétive. La subordonnée adopte l’ordre Sujet + Verbe.

1) Qu’est-ce qu’une complétive ?

Une proposition subordonnée qui complète un élément recteur. Elle peut être :

1.1 COD d’un verbe de parole, pensée, perception intellectuelle

  • Verbes de déclaration/constatation : dire, affirmer, déclarer, constater, remarquer, admettre…
    Ex. : Il affirme que la séance commence à 14 h.
  • Verbes d’opinion : penser, croire, estimer, juger, trouver…
    Ex. : Je trouve que ce plan est clair.
  • Verbes de connaissance : savoir, ignorer, apprendre…
    Ex. : Nous savons qu’il part.

1.2 Sujet réel (avec il explétif)

  • Schéma fréquent : Il est + adj./nom + que…
    Ex. : Il est probable qu’il viendra ; Il est nécessaire qu’elle réponde.
    Test : remplacez par Le fait que…Le fait qu’il viendra est probable.

1.3 Attribut du sujet / de l’objet

  • Plus rare, mais possible dans des tours figés.
    Ex. : La certitude qu’il reviendra est rassurante (apposition nominale proche de l’attribut).

1.4 Complément de l’adjectif

  • Après des adjectifs de sentiment/jugement : content, surpris, désolé, fier, heureux, possible, nécessaire…
    Ex. : Je suis heureux qu’elle accepte.

1.5 Complément du nom

  • Après des noms d’idée/discours : idée, fait, nouvelle, espoir, rumeur, décision…
    Ex. : La nouvelle qu’il déménage nous attriste.

2) Choisir le bon introducteur

2.1 que déclaratif

  • Le plus courant, neutre.
    Ex. : Il dit que tout est prêt.

2.2 si pour une totale au style indirect

  • Transforme une question oui/non en complétive.
    Ex. direct : « Viens-tu ? » → indirect : Il demande si je viens.
    Attention : pas d’« est-ce que » dans la subordonnée.

2.3 ce que / ce qui / ce dont (pronom neutre + que)

  • Quand le contenu de la question ou de la pensée porte sur un élément inconnu.
    • ce que = COD ; Je ne vois pas ce que vous voulez.
    • ce qui = sujet ; Expliquez-nous ce qui se passe.
    • ce dont = complément régi par de ; Il ignore ce dont ils parlent.

2.4 Tours régis : à ce que, de ce que

  • Réquèrent certains verbes ou locutions :
    • veiller à ce que, tenir à ce que, s’attendre à ce que, s’opposer à ce que, consentir à ce quesubjonctif.
      Ex. : Elle veille à ce que tout soit conforme.
    • se réjouir de ce que, se plaindre de ce que, avoir honte de ce que → mode variable selon le sens et la chronologie, souvent subjonctif si l’on exprime le souhait / l’éventualité.
      Ex. : Ils se réjouissent de ce que vous ayez obtenu le poste.

Astuce sûre : mémorisez les verbes fréquents + à ce que et + de ce que. Ils appellent quasi toujours le subjonctif si le contenu n’est pas tenu pour certain au moment où l’on parle.


3) Quel mode dans la complétive ?

3.1 Indicatif si le fait est tenu pour réel / constaté

  • Après verbes de constatation/certitude affirmés : savoir, constater, remarquer, être sûr/certain, il est clair/évident…
    Ex. : Je sais qu’il vient.
    Négations et interrogations de ces verbes peuvent entraîner le subjonctif selon le sens : Je ne crois pas qu’il vienne (doute).

3.2 Subjonctif si l’on exprime volonté, nécessité, jugement, émotion, doute

  • Verbes : vouloir, souhaiter, exiger, refuser, douter, craindre, regretter…
    Ex. : Je veux qu’il réponde ; Je doute qu’il vienne.
  • Tournures impersonnelles : Il est nécessaire / possible / important que…subjonctif.

3.3 Conditionnel pour la mise à distance ou le futur dans le passé

  • Information rapportée / non confirmée : Il dirait qu’il part demain.
  • Style indirect au passé : Il a promis qu’il viendrait (futur du direct → conditionnel).

Rappels utiles :

  • Espérer que prend généralement l’indicatif (souvent futur) : J’espère qu’il viendra.
  • Après avant que, c’est une conjonctive de temps, pas une complétive ; subjonctif requis.

4) Ponctuation, place, style

  • Pas de virgule obligatoire entre principale et complétive introduite par que lorsque la phrase est simple. On met une virgule si la complétive est longue, incise, ou réclame une respiration.
  • En tête de phrase, la complétive peut être thématisée : Que vous réussissiez m’importe avant tout. (registre soutenu).
  • Évitez les doublons : Il dit que comme quoi… → préférez Il dit que… ou Il prétend que…

5) Tours fautifs et points de vigilance

  • Interdits en complétive : inversion et est-ce queJe me demande si, jamais Je me demande est-ce que.
  • Concordance : au style indirect passé, le futur du discours direct devient conditionnel ; demainle lendemain.
  • Ambiguïtés de mode après penser / croire / trouver : à l’affirmatif, plutôt indicatif ; à la négation ou interrogation, le subjonctif devient fréquent selon l’intention de doute.
  • À ce que / de ce que : ne les remplacez pas par que sans vérifier la régence du verbe. Veiller à ce queVeiller que.

6) Tests pratiques d’analyse

  • Test « cela » : si la subordonnée remplace cela, elle est souvent COD de la principale.
  • Test « le fait que » : si l’encadrement par Le fait que… fonctionne en sujet, la complétive joue le rôle de sujet réel.
  • Test du mode : le contenu est-il tenu pour vrai par l’énonciateur (→ indicatif) ou souhaité, craint, mis en doute (→ subjonctif) ?

Mini-FAQ

Complétive et interrogative indirecte, est-ce la même chose ?
L’interrogative indirecte est un type de complétive. Elle rapporte une question et s’introduit par si (totale) ou un mot interrogatif (partielle), sans inversion ni est-ce que.

Quand choisir « ce que / ce qui / ce dont » ?

  • ce que si la subordonnée remplit la fonction COD ;
  • ce qui si elle remplit la fonction sujet ;
  • ce dont si le verbe ou l’adjectif demande la préposition de.

Indicatif ou subjonctif après « penser que » ?
À l’affirmatif, indicatif par défaut (Je pense qu’il vient). À la négation ou en interrogation, subjonctif fréquent si l’on marque un doute (Pensez-vous qu’il vienne ?).

Faut-il une virgule avant « que » ?
Non en règle générale. On en met une si la phrase est longue ou si l’on intercale une incise.

« Veiller à ce que » et « s’attendre à ce que » exigent quel mode ?
Le subjonctif : Elle veille à ce que tout soit conforme ; Il s’attend à ce que vous répondiez.