Objectif
Vous saurez former correctement une interrogative indirecte après un verbe introducteur (demander, savoir, ignorer, se demander, vérifier, expliquer, comprendre), en choisissant le bon introducteur (si, ce que, ce qui, ce dont, où, quand, comment, pourquoi, lequel), en respectant la syntaxe sans inversion, la ponctuation, et la concordance des temps au style indirect.
L’essentiel à retenir
- Une interrogative indirecte est une subordonnée qui rapporte une question. Elle est introduite par si (question totale) ou par un mot interrogatif (où, quand, comment, pourquoi, quel, lequel, etc.) pour une question partielle.
- Jamais d’inversion sujet-verbe dans la subordonnée indirecte. Pas de « où va-t-il » mais « où il va ».
- Jamais “est-ce que” dans l’indirect. On remplace par si (totale) ou par ce que, ce qui, etc. (partielle).
- Ponctuation : pas de point d’interrogation pour la subordonnée. Le point d’interrogation dépend de la principale.
- Affirmative : Je me demande si elle vient.
- Interrogative principale : Savez-vous si elle vient ?
- Concordance au passé : le futur du discours direct devient souvent conditionnel au discours indirect, et les marqueurs temporels s’ajustent (demain → le lendemain).
Schémas de base
1) Question totale → si
- Direct : Viendra-t-elle demain ?
- Indirect : Il demande si elle viendra demain.
- Au passé : Il a demandé si elle viendrait le lendemain.
2) Question partielle → mot interrogatif
- ce que (COD), ce qui (sujet), ce dont (complément avec de), où, quand, comment, pourquoi, lequel…
- Direct : Qu’est-ce que tu fais ? → Indirect : Il veut savoir ce que tu fais.
- Direct : Qu’est-ce qui se passe ? → Indirect : Il demande ce qui se passe.
- Direct : De quoi parlez-vous ? → Indirect : Elle ignore ce dont vous parlez.
- Direct : Où va-t-il ? → Indirect : Je me demande où il va.
- Direct : Lequel choisiras-tu ? → Indirect : Nous voulons savoir lequel tu choisiras.
Astuce sûre :
- Qu’est-ce que → ce que (fonction COD).
- Qu’est-ce qui → ce qui (fonction sujet).
- De quoi → ce dont.
- À qui, de qui, avec qui, sur quoi se maintiennent avec leur préposition.
Syntaxe sans inversion
- Incorrect : Je me demande où va-t-il, Savez-vous quand arrivera-t-elle.
- Correct : Je me demande où il va, Savez-vous quand elle arrivera.
La subordonnée interrogative adopte l’ordre Sujet – Verbe standard. On n’emploie ni inversion, ni “est-ce que” dans la subordonnée.
Concordance des temps et ajustements
1) Futur indirect → conditionnel
- Direct : Il dit : « Je partirai demain. »
- Indirect au passé : Il a dit qu’il partirait le lendemain.
2) Présent/Imparfait
- Direct : Elle demande : « Où habites-tu ? »
- Indirect au présent : Elle demande où tu habites.
- Indirect au passé : Elle a demandé où j’habitais.
3) Marqueurs temporels usuels
- aujourd’hui → ce jour-là, demain → le lendemain, hier → la veille, ici → là, ce matin → ce matin-là.
Important : Dans une interrogative indirecte, on applique les mêmes décalages que pour le discours indirect.
Nuances et cas utiles
1) « si » ou alternatives
- si pour une totale (réponse oui/non) : Elle se demande si c’est possible.
- Pour proposer des alternatives, employer si … ou si … ou si oui / si non dans la principale : Dites-moi si vous venez, et si non, prévenez plus tard.
2) « pourquoi » indirect
- pourquoi se maintient : Il ne comprend pas pourquoi ils refusent.
- Pour un style soutenu, on peut paraphraser par pour quelle raison.
3) quel et lequel
- quel s’accorde avec le nom : Je me demande quelle option ils choisiront.
- lequel s’accorde en genre et nombre : Il demande lesquelles vous préfériez.
4) Prépositions conservées
- Elle veut savoir à qui vous avez parlé ; Il se demande de quoi ils rient ; Nous vérifions sur quoi porte la remarque.
5) Principale interrogative
- Si la principale est elle-même une question, la phrase prend le ? final, mais la subordonnée reste sans inversion :
Savez-vous qui a signé ? – Pouvez-vous me dire si c’est prêt ?
Phrases interdites ou à éviter
- Je me demande est-ce que… → incorrect. Dire : Je me demande si…
- Savez-vous où va-t-il → incorrect. Dire : Savez-vous où il va.
- Accumuler deux introducteurs pour la même fonction : Il ignore que si → choisir l’un.
- Doubler le mot interrogatif d’un que superflu : Expliquez comment que → incorrect. Dire : Expliquez comment.
Mini-tableau récapitulatif
| Type de question directe | Indirect correct | À proscrire |
|---|---|---|
| Totale : Vient-elle ? | Il demande si elle vient | Il demande est-ce que elle vient |
| Partielle sujet : Qu’est-ce qui se passe ? | Il demande ce qui se passe | Il demande qu’est-ce qui se passe |
| Partielle COD : Qu’est-ce que tu fais ? | Il demande ce que tu fais | Il demande qu’est-ce que tu fais |
| Préposition : À qui parlez-vous ? | Il veut savoir à qui vous parlez | Il veut savoir à qui est-ce que vous parlez |
| Lieu : Où va-t-il ? | Je me demande où il va | Je me demande où va-t-il |
Mini-FAQ
Faut-il un point d’interrogation à la fin de l’interrogative indirecte ?
Non. Le ? dépend de la principale. Je me demande si… prend un point. Savez-vous si… ? prend un ?
Comment transformer “Qu’est-ce que…” et “Qu’est-ce qui…” ?
- Qu’est-ce que → ce que (fonction COD).
- Qu’est-ce qui → ce qui (fonction sujet).
Peut-on garder “est-ce que” ?
Non, jamais dans la subordonnée. On emploie si ou un mot interrogatif.
Que devient le futur au passé indirect ?
Il devient généralement conditionnel : « Il partira demain » → Il a dit qu’il partirait le lendemain.
Et les prépositions avec qui/quoi ?
Elles se gardent devant le mot interrogatif : à qui, de qui, avec qui, sur quoi.