Figures de modification phonétique : Synérèse, diérèse et autres métaplasmes

Les métaplasmes

Les métaplasmes regroupent toutes les modifications phonétiques. Les noms de ces figures de style sont aussi, et surtout, utilisés en linguistique pour décrire l’évolution des mots et de leur prononciation. Nous nous limiterons donc aux métaplasmes qui ont un intérêt stylistique suffisant pour être évoqué. Les métaplasmes sont le plus souvent utilisés en poésie (pour respecter le nombre
attendu de syllabes dans un vers), mais peuvent aussi l’être pour signifier l’accent d’un personnage ou une forme de parler. Les métaplasmes correspondent à une modification des sons et/ou des lettres, ils peuvent dont fonctionner :
Par addition,
Par suppression
Par contraction
Par dissociation
Par inversion

Les épenthèses

Les métaplasmes par addition sont nommés épenthèse. On en distingue plusieurs formes :

La prothèse Ajout d’un phonème en début de mot
La paragoge ou épithèse Ajout d’un phonème en fin de mot
L’anaptyxe Ajout d’un phonème entre deux consonnes
La gémination Redoublement du phonème initial

Exemples :

Percé jusques au fond du cœur – Le Cid, Corneille

Grâces à ta bonté qui pleut dans le désert. – Elégies, Verlaine

Les métaplasmes par suppression

On distingue, de même, plusieurs variantes des métaplasmes par suppression :

L’aphérèse Suppression de syllabes en début du mot
La syncope Suppression de syllabes en milieu du mot
L’apocope Suppression de syllabes en fin du mot
Dont l’élision Suppression de la voyelle finale (le –e) d’un mot

Exemples :

B’soir, m’sieur le prof’ ! J’ai raté le bus c’matin.

B’soir et m’sieur sont des syncopes, prof’ est une apocope, bus est une aphérèse (pour autobus), ce subit une élision.

Les métaplasmes par dissociation

La diérèse est un métaplasme par dissociation : elle consiste à prononce en deux syllabes un phonème qui devrait n’en compter qu’une seule.

Exemples :

Va te purifier dans l’air supérieur, – Elévations, Baudelaire

Le poème de Baudelaire est en alexandrin. Pour garder 12 syllabes, ce vers utilise deux diérèses : purifier et supérieur, prononcés purifi-er et supéri- eur.

Les métaplasmes par contraction

La synérèse est l’inverse de la diérèse : elle consiste à prononcer en une syllabe un phonème qui devrait en compter plusieurs. Elle agit donc par contraction et non plus par dissociation.

Deux autres métaplasmes par contraction sont retrouvés parmi les figures de style:

La crase Contraction de deux syllabes successives.
L’ haplologie Contraction de deux syllabes successives identiques

Exemples :

« Mame ! Pa ne pourra pas venir me chercher. »

Mame est une crase (Madame) et Pa est une haplologie (Papa).

Les métaplasmes par inversion

La métathèse est l’inversion de deux phonèmes proches dans un mot. On trouve aussi, parfois, classés parmi les métaplasmes par inversion, les anagrammes (inversion des lettres d’un mot pour en former un autre) et, surtout, les contrepèteries (inversion des phonèmes d’une phrase pour en former une autre).

Exemples :

(Métathèse) Le spychologue, l’aréoport
(Anagramme) Ancre et Nacre
(Contrepèterie) Quel temps de cochon ! : Quel champ de coton !

Résumé : Modifications phonétiques

Toute modification phonétique est un métaplasme. Les trois métaplasmes les plus connus sont :

la diérèse (dissociation d’une syllabe en plusieurs),

la synérèse (contraction de deux syllabes en une),

l’élision (non prononciation d’une voyelle finale).

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