Repères essentiels

  • Polysémie : un même mot peut avoir plusieurs sens selon le contexte.
  • Dénotation : sens premier et référentiel d’un mot, neutre et descriptif.
  • Connotation : valeurs associées au mot selon la culture, le contexte, le registre et l’intention.
  • Progression conseillée : polysémie en 6e, dénotation/connotation approfondies jusqu’en 3e.

1) Polysémie : comprendre les sens multiples d’un mot

a) Définition et intérêt

  • Un mot est polysémique quand il possède plusieurs acceptions.
    Ex. une feuille de papier / de plante ; un réseau routier / social.

b) Indices pour choisir le bon sens

  • Co-texte immédiat : mots voisins, déterminants, compléments.
    • une feuille de classeune feuille de figuier.
  • Domaine et registre : sens usuel, technique, figuré, familier.
    • un champ lexical (linguistique) ≠ un champ de blé (agriculture).
  • Construction grammaticale : verbe transitif, préposition, nature du complément.
    • tirer sur la cordetirer de l’argent.
  • Images figées et collocations : associations fréquentes.
    • poser une question, commettre une erreur.

c) Sens propre et sens figuré

  • Sens propre : lien concret avec l’objet.
  • Sens figuré : transfert d’image, métaphore ou métonymie.
    • une lumière aveuglante (propre) / une aveuglante évidence (figuré).
  • Astuce : si l’on peut visualiser littéralement, on est souvent au sens propre ; sinon, figuré.

2) Dénotation : le sens de base, stable et descriptif

a) Définition

  • La dénotation correspond au contenu objectif et commun d’un mot, tel qu’on le définirait dans un dictionnaire.
    Ex. chat : mammifère carnivore domestique du genre Felis.

b) Repères scolaires

  • La dénotation dépend :
    • du référent désigné (objet, action, qualité) ;
    • de la catégorie grammaticale ;
    • d’éventuels traits (espèce, fonction, forme).
  • En analyse, commencez par poser la dénotation, puis explorez la connotation.

3) Connotation : les nuances, l’évaluation, l’imaginaire

a) Définition

  • La connotation est l’ensemble des valeurs affectives, culturelles ou idéologiques associées à un mot au-delà de son sens référentiel.

b) Principales sources de connotations

  • Axiologie (valeur positive/négative) : mince (plutôt positif dans certains contextes) / maigre (plutôt négatif).
  • Registre : soutenu (demeure), neutre (maison), familier (baraque).
  • Domaine culturel : religieux, historique, scientifique, numérique.
  • Imagerie figurée : métaphores, comparaisons, symboles.
  • Contexte énonciatif : qui parle, à qui, où, avec quelle intention.

c) Effets sur la réception

  • Les connotations orientent l’interprétation, colorent le ton, suggèrent un jugement implicite.
    • un militant (positif pour certains, négatif pour d’autres) montre que la connotation peut être variable.

4) Méthode d’analyse pas à pas

  1. Repérez le mot cible et relevez sa définition dénotative simple.
  2. Listez les indices de contexte (voisins lexicaux, domaine, registre, construction).
  3. Distinguez sens propre / figuré si nécessaire.
  4. Inférez les connotations possibles : axiologie, registre, imaginaire, intention.
  5. Validez par la cohérence avec l’ensemble du passage. Si plusieurs lectures coexistent, hiérarchisez la plus pertinente.

5) Exemples commentés

  • Une plume légère / une plume élégante
    • Dénotation : plume = instrument d’écriture ou élément de l’oiseau.
    • Polysémie + connotation : plume élégante → style d’écriture valorisant.
  • Un loup dans la bergerie
    • Dénotation : animal. Figuré : élément dangereux introduit dans un groupe vulnérable. Connotation : menace.
  • Il a une voix métallique
    • Dénotation : organe/son. Connotation : froideur, dureté.
  • Une politique ambitieuse
    • Dénotation : qui vise grand. Connotation : peut être positive (énergique) ou critique (démesurée) selon le co-texte.
  • Ce quartier est vivant
    • Dénotation : animé. Connotation : positive si l’on valorise l’activité ; ambivalente si bruit/désordre suggérés ailleurs.

6) Outillage lexical pour travailler la connotation

  • Échelles de synonymes gradués : regarder → observer → scruter → dévisager.
  • Antonymes pour cadrer le champ : sobreclinquant.
  • Marqueurs d’axiologie : simple, pur, véritable, prétendu, soi-disant.
  • Adjectifs évaluatifs : remarquable, médiocre, somptueux, sordide.
  • Adverbes modalisateurs : sans doute, peut-être, certes, hélas.
  • Connecteurs qui orientent l’interprétation : mais, pourtant, cependant, en revanche.

7) Pièges fréquents et parades

  • Confondre thème et famille de mots en cherchant la polysémie : fiez-vous au radical pour la famille, au contexte pour la polysémie.
  • Projeter vos propres connotations sans appui textuel : justifiez par des indices.
  • Prendre un sens technique pour un sens usuel : vérifiez le domaine (scientifique, juridique, informatique).
  • Ignorer l’ironie : un mot positif peut être ironique selon l’intonation et la suite du texte.
  • Oublier la variation culturelle : certaines connotations évoluent ou diffèrent selon les milieux.

8) Mini-synthèse

  • Polysémie : plusieurs sens pour un même mot, tranchés par le contexte.
  • Dénotation : sens de base, descriptif, partagé.
  • Connotation : nuances affectives, culturelles, évaluatives qui orientent la lecture.
  • Méthode : définir la dénotation, repérer le contexte, distinguer propre/figuré, déduire les connotations pertinentes.

FAQ

Un mot a-t-il toujours des connotations ?
Souvent oui, même faibles. Mais on commence l’analyse par la dénotation, puis on vérifie si le contexte active des connotations.

Comment décider entre sens propre et sens figuré ?
Testez la prise au pied de la lettre. Si elle ne tient pas ou produit un effet d’image, vous êtes au figuré.

Les connotations sont-elles objectives ?
Elles dépendent du contexte et de la culture. Appuyez-vous sur des indices textuels et évitez les extrapolations personnelles non justifiées.

La polysémie peut-elle créer des jeux de mots ?
Oui, c’est la base de nombreux calembours et titres journalistiques. Le double sens repose sur deux acceptions activées ensemble.

Un dictionnaire suffit-il pour repérer la connotation ?
Il aide, mais la connotation se déduit surtout du co-texte, de la situation et du registre. Un dictionnaire des nuances ou des synonymes peut compléter.

Pourquoi travailler la connotation jusqu’en 3e ?
Parce qu’elle intervient dans l’interprétation des textes, l’argumentation et la réécriture au collège. Savoir orienter ou neutraliser les connotations est un outil d’écriture.